Anne Calas

l’une chante

Patrick Reboud

l’autre joue

Denis Bernet-Rollande

et le troisième met en scène

copyright Maryvonne Arnaud



« Les chansons, c’est toujours lalala, un petit zinzin, du perlimpinpin. »
La rose, le jardin, l’arbre, le voilier, l’oiseau, le noir, le cou, les reins, les hanches, le souffle, les mains, la maison, le piano, être nomade et refaire sa vie chaque matin. Monique Serf devenue Barbara c’est le récit d’une métamorphose. Celle d’une plante incongrue qui pousse au milieu des yéyés et qui devient ce qu’elle a toujours été : une femme qui chante. Une femme libre. Insolente. Déraisonnable. Blessée. Espiègle. Drôle. Absolument amoureuse.

Et hop la ! Des cabarets à Bobino, sa plus belle histoire d’amour, c’est nous !
La scène est sa maison, sa roulotte, son bateau. Le concert, un rendez-vous d’amour.
Le public, son amant aux mille bras.

« Vous savez, on fait des chansons comme on fait des robes. Moi je ne sais pas coudre, alors je fais des chansons. »
Nous non plus ne savons pas coudre, alors on fabrique une boîte à musique géante et on la dépose dans votre salon. Et pour chanter les chansons de cette énergumène frondeuse qui se serait bien vue bonne sœur ou putain, ces chansons qui ont sous-titré nos vies, on va chercher ce petit grain de folie, ce petit quelque chose de l’enfance qui poursuit sa course en nous.

Et on essaie d’entendre comme un murmure au parfum de paradis.

A.C.


 

copyright Maryvonne Arnaud

 

— Montage de la pianette

 

Un piano pour Barbara, naturellement démontable et transportable, forcément une telle demande ne se refuse pas, évidemment.
Anne et sa bande ont le don des défis fous, alors fin mars, après les mesures prises sur leur « vrai » piano et quelques croquis, je suis entré en construction, par intermittence, tranquillement, en mesure, avec le plaisir de qui avance dans l'inconnu, en dialogue avec metteur en scène et artistes.
Et au fil du temps c'est devenu une « pianette », moitié piano moitié squelette, adaptée pour le spectacle avec sa trappe, ses petites lumières et sa tirette. En douze morceaux et un clavier l'affaire était réglée.
Livrée début novembre la pianette est partie sur les routes et m'a laissé comme orphelin, me reste le grand plaisir d'avoir joué cette partition.
Merci Anne et sa bande, et que le spectacle continue !

François Ridard, concepteur et constructeur de la pianette



Ce spectacle intimiste se joue aussi bien dans des théâtres qu’à domicile.
Merci de nous contacter si vous souhaitez y assister.

Contactez-nous : annecalas1@gmail.com - +336 60 80 38 73
et nous vous donnerons tous les détails nécessaires pour organiser notre venue !

Rejouer Barbara par Daniel Bougnoux

Anne Calas, qui nous avait déjà donné Charles Trenet, Boby Lapointe, Claude Nougaro, Boris Vian ou un bouquet de ses propres chansons (mises en musique et soutenues par le piano de Henry Torgue), vient donc de s’attaquer à Barbara, dans une mise en scène à nouveau signée de Denis Bernet-Rollande, avec à côté d’elle (au piano, à l’accordéon mais aussi très en voix) son partenaire Patrick Reboud.

Le défi était de taille, comment incarner, jouer, ressusciter une pareille diva ? (…)

De Barbara, Anne Calas a réalisé une approche sensible, toute en intimité, comme se parlant à soi-même, ou engageant avec le public un jeu de confidences, la recherche d’une connivence. Entrant en scène, elle fredonne pour elle-même Une petite cantate, le temps d’arranger le micro ou d’enfiler une paire de chaussures. Elle ne cherche pas le mimétisme, mais une intériorité ou une incarnation plus rare, forcément décalée. Un chef d’œuvre comme Pierre  semble exemplaire pour saisir l’art ici mis en œuvre :  une juxtaposition d’humeurs ou de pensées disjointes, un kaléidoscope de songes qui accèdent à peine à la voix, encore moins au récit – riche en syncopes et en faux-fuyants. On ne peut produire de Barbara qu’un portrait humoral et lui-même brouillé, comme ce  Pierre  qui ne ferait, à petites touches ou par impressions diffuses, que suggérer le passage des saisons, de la pluie ou du temps. 

Un pas de côté sensible s’opére aussi avec la reprise de Nantes, pour laquelle Patrick Reboud délaisse le piano en faveur de l’accordéon, et entraîne ainsi la chanson dans un climat tout autre : là où le piano perle le texte, comme des gouttes de pluie (« Il pleut sur Nantes / Et je me souviens… »), l’accordéon sous les doigts de Patrick gémit, rauque, grinçant et comme désaccordé, il broie cette veillée funèbre et semble donner aux paroles l’accompagnement d’un dernier souffle.

Entrer dans Barbara, c’est faire le noir, pour s’en remettre à une oralité des plus singulières ; moins chercher à voir qu’à fortement entendre, et faire résonner à la cantonade, en écho, nos propres hantises… Anne Calas ne pose pas devant nous à la star, elle remet Barbara à sa place, proche de son piano, avec ses hommes comme dit une chanson où elle énumère ceux de sa vie, régisseurs, chauffeurs, gardes du corps, mais aussi dans le cours de ce récital les auteurs qui l’ont inspirée, qu’elle a aimés : Jacques Brel au premier chef, dont on entend trois chansons, ou encore Brassens avec un très inattendu remake de La non-demande en mariage rejouée en duo sur un rythme de bossa-nova… Mais encore Frédéric Chopin, qui met si bien en valeur le piano, l’instrument-roi autour duquel tourne aussi ce spectacle. 

Barbara ne vivait jamais très éloignée du sien, que nous voyons ici reconstitué, déguisé en un demi-queue alors que l’instrument se divise en treize éléments, dont un clavier numérique, qui ont pris l’ascenseur jusqu’à ce quatrième étage où se joue ce spectacle en appartement. La facétie, la fantaisie, une douce conspiration teintée de rigolade nous enchantent irrésistiblement ; Anne Calas s’applique à Barbara sans en faire un drame, elle y picore, elle en joue, et nos émotions bouillonnent au fil de ce spectacle riche en réminiscences. Les souvenirs personnels de chacun feront et revivront le reste, on connaît par cœur la plupart des chansons proposées, on a tous en nous beaucoup de Barbara.  

Daniel Bougnoux est professeur émérite à l’Université Stendhal de Grenoble. Agrégé de philosophie, il a enseigné la littérature, puis les sciences de la communication, disciplines dans lesquelles il a publié une douzaine d’ouvrages.