Solstice d'hiver

Passage de la frontière de la nuit vers le jour qui de nouveau s'allonge.

A la surface, rien ne bouge. Et pourtant dans les dessous…

 

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Brrrr !

Hum! Dès le départ cette histoire de jardin au carré nous semblait tordue. Tirage au sort, réunion sabbatique, liens improbables avec Marseille, mais bon, que faire à l’heure où la retraite sonne ? Adhérons et engageons-nous.

Adhérer on a vite compris, les pieds dans la glèbe, l’outil crotté sous les éléments déchainés, la pluie qui transperce la parka destinée à nous protéger du mistral…

Mais non, je m’égare, pas une goutte de pluie pendant près de 6 mois, en réalité on racle, on pioche, on tente la réalisation d’un projet onirique.  Une compétition acharnée s’engage entre les carrés investis par les créateurs motivés.

Nous, au n° 9 c’est "terrain vague", une boutade qui nous arrangerait bien, une friche informe laissée au hasard des saisons. Pas si simple, l’expression nous entraîne vers d’autres pistes; vagues à lames (de fond), arrondissement jouxtant les calanques, chiffonniers errants le crochet en main, chardon bleu des sables cher à Victor Hugo… Le chantier va s’ouvrir dès janvier, à nos brouettes, nos pioches, pelles et chocolats chauds, où l’on aperçoit l’écume des jours.

Vol de nuit à bord de Jo

Mon voisin Jonathan est venu me guider dans ce premier vol de nuit à bord de Jo, le drone. C'est formidable! Nos carrés vus du ciel! in extrémis avant le passage à l'hiver!

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Gratitude des cahiers dessinés et

Des tressaillements

Des vibrations intimes

Ah !  la belle saison Ah !

L’eau de rose

Reine de cette terre, conduis-moi

Vers

 

Carré patient à l’ivre passé hydre

Hiver sous le manteau

Rose-Marie

Attend

Sous la lune gelée

Sous la brume et le givre

Aisselles des mésanges

Des biches rousses

Des bois

arrivée d'un drône

afin de pouvoir réaliser des photos aériennes, j'ai commandé un drône. il arrive le 20 et je vais devoir apprendre à m'en servir! À bons entendeurs, pour ceux que ça intéresse!

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16 haïkus des 16 collégiens, parcelle n°14

Les collégiens ont imaginé un rituel pour enfouir la plaque de papier aquarelle : ils ont lus les haïkus qu'ils avaient écrit à cette occasion. Ils viennent de nous les envoyer.

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Dans les fleurs du cerisier

J'ai vu le passé

Défiler.

 Lysa

 

L'automne est arrivé avec le vent -

Je me sens libéré,

Comme une feuille qui vole.

 Zaïa

 

Une fleur tombée

Remonte à sa branche -

C'est un papillon !

 Camille

 

La jolie mousse humide

Au pied de l'arbre

Appelle l'orage.

                                                                                         Noé

 

Je vois les champignons qui ont poussé -

Je sens déjà leur odeur

Grillée.

 Marius

 

 La chèvre qui pâture l'herbe fraîche,

Le chat qui miaule -

Le printemps s'annonce.

 Gaétan

 

Joli papillon aux ailes bleues,

Tu voles si bien !

Mais où vas-tu ?

 Taïna

 

Une lavande sèche

Dans le vent frais de l'automne -

Je m'attriste de l'hiver qui vient.

 Séverin

 

 L'aube s'est levée -

Le muret en pierre

Semble avoir changé.

 Arnaud

 

 Sur le chemin de terre

Les feuilles dansent

Dans le vent.

 Lilian

 

 Des pierres roulent sous le chant des cigales

L'été s'annonce,

Plein de joie.

 Salomé

 

 Un papillon s'envole,

Une sauterelle saute -

Loin, bien loin des hommes.

 Lucie

 

Un oiseau migre

Dans le ciel d'automne

A l'horizon infini.

 Teddy

 

 Un cri -

Grattent, grattent

Les gratte-cul !

 Thorstein

 

 Le ravin couvert de pierres pointues -

L'automne est rouge,

La mort approche.

Zoé

 

 L'hiver arrive -

Il faut que je coupe

Quelques morceaux de bois.

 Yann

 

trafic de bulbes

On m'informe d'un trafic de bulbes entre la parcelle n° 5 et la parcelle n° 10. Certains échanges devraient avoir lieu le vendredi 17 novembre dan l'après-midi. La police est sur les dents. De sources proches de l'enquête, il semblerait que les rapports de voisinage aient alimenté ce projet qui se déroulerait à l'échelle nationale. Affaire à suivre…

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La persévérante

La terre était meuble aujourd'hui, moelleuse comme un gâteau sortant du four. Brune. Belle. Sensuelle. Et cette plante couvre-sol . elle pousse avec une persévérance inouîe. sans eau. sans rien. je l'admire pour ce qu'elle fait: persévérer.

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Érection de la vierge et retour à la terre

La pluie attendue depuis des mois est arrivée cette nuit. Un coup de tonnerre lointain suivi d'une pluie fine qui persiste jusqu'à midi. Puis le ciel s'ouvre, le vent se lève et tout est balayé. Somptueux bleu revenu et grand ménage dans les carrés!

Ces deux jours on été l'occasion de voir s'ériger une bonne mère sur la parcelle n°7 pour laquelle l'occupante a trouvé de la main d'oeuvre! Merci Simon! Encore des plantations, ellébores et quoi encore? 7x7=49, le compte est bon et la vierge trône sur son socle. Pas assez dorée paraît-il. On y reviendra!

Parcelle n°8, retour progressif à la terre des figurines de Fabien. Ce matin au réveil, après une nuit pluvieuse, un visage d'argile couché,un peu dissout, tourné au nord. Les rondeurs généreuses du corps revenant peu à peu à leur forme primitive. Comme s'affaissant sur elles-mêmes et redevenant ce bloc d'argile qui les contenait. Étonnant miroir de notre humanité que ce corps retournant à la terre.  Un peu plus loin, un  autre corps tombé des bras qui l'enlaçaient. Et l'étonnement de celui qui regarde et se demande encore comment cela a pu être possible. Comment cet évènement, cet abandon de ses bras se serait passé malgré lui. Je pense à Café Müller de Pina Bausch. À cet homme incapable de garder ce corps de femme entre ses bras. À cette femme qui revient, et retombe indéfiniment. Et roule au sol, et se relève, et se raccroche au cou de l'homme, et roule et tombe encore. Et encore.

Et puis,

Inspection de la parcelle n°2 par Marion et Élisabeth venues mettre au point leur technologie. Vérification faite sur la batterie du tracteur-tondeuse, +,- , fil rouge, fil noir, ÇA MARCHE!!!Mise en place définitive prévue pour le week-end du 9-10 décembre.

Enfin, j'enterre mon carré de papier aquarelle sur ma parcelle n°17. Surprise dans un peu moins d'une année!

 

 

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8ème arrondissement Marseille, le 4 octobre 2017

Me voici dans le 8 ème. Arrivé facilement après deux courtes stations en tram depuis la gare Saint Charles. Il est presque midi. Je juge plus sensé de m'arrêter dans un petit restaurant. Éviter les affres de l'hypoglycémie qui font qu'on ne voit plus rien, qu’on s'énerve et qu’on n’a plus l'esprit ouvert et curieux. Ventre vide, difficile pour moi  de vraiment regarder ce qui est autour.

Donc je m'assieds devant un plat du jour, un verre de rouge, un café.

Me voilà reparti à la découverte -enfin- de « mon » 8ème parcouru sur presque toute sa longueur par une artère, l’avenue du Prado. Large, flanquée de deux contre-allées, bordée de belles demeures, le Prado court vers la mer à peine arrêté par une statue immense d’un David, tourné immobile vers Marseille. Tout au fond, je ne sais pas encore si le bleu c’est celui du ciel ou celui de la mer. Mais plus j’avance, plus je vois, avec l'intensité de la lumière, l'appel troublant que représente la mer, ici mariée avec le ciel si proche de la côte. Voilà un arrondissement en villégiature éternelle et en partance incessante vers d’autres rives…

Je vagabonde ici et là dans le 8ème. Je découvre, surpris, les noms des lieux. Ils  sonnent beaux et sensuels : Plage de David, Plage du prophète, Bonneveine, Anse de la pointe rouge, Anse de la chapelle, Cap croisette, Plage du petit Roucas blanc,  Plage du grand Roucas blanc. Ces noms ont un parfum commun à ceux des côtes de toutes les mers. En Martinique, par exemple, Petit pilote, Pointe des cerisiers et pointe des chaudières, Anse du trou, Pointe morne rouge, Ravine maudite. De l’autre côté de Marseille, en Algérie : plage du grand rocher, plage du bateau cassé, plages des grottes merveilleuses, et encore celles-ci à Tipaza plage bleue, plage du Caroubier.

Lieux, nommés dans l’innocence poétique, non pas de la terre mais de la mer. Ce sont peut être des noms donnés par les marins et les pêcheurs approchant la côte. Des noms pour des lieux vus de la mer. Ces noms disent le sens des regards. Marseille se découvre de la mer tout autant que de la terre, ville double, trismégide, dont les deux faces sont comme des clés pour la comprendre. Ville qui reçoit de la mer – les hommes, les techniques, les biens précieux, les arts -   ville qui s’ouvre sur la mer : la construction des bateaux, les voyageurs, les explorateurs. Au loin d’autres terres, celles de l ‘Afrique et celles de l'orient

Je me suis laissé à rêver à la douceur des noms de ces lieux, ici… et à ceux de là bas. Comme des signes de pays et de gens destinés à se rencontrer.

Je marche sur la plage où se niche discrète,  une stèle dédiée à  Rimbaud.  Une invitation – encore ! - au voyage vers l’Afrique. Elle, déjà là, juste derrière l’horizon.

Envie de tendre les bras

Je reviens vers l’intérieur. Le parc Borély à l’image de ces jardins publics de mon enfance, légèrement ennuyeux, surtout le dimanche en novembre. Mais allons ! On est en octobre et le soleil est encore fougueux. Une cohorte affairée de ragondins du plus petit au plus gros colonise le bord de l’inévitable petit étang. Ils sont là, au milieu des canards et des oies. Le spectacle est insolite et pour le moins inattendu. Les enfants, habitués,  lancent indifféremment du pain aux canards et aux ragondins. Je suis un peu déconcerté par ces animaux car ce sont vraiment des rats. Pas l'air méchant certes mais quand même… Je m’éloigne.

Jardin botanique fermé ; j’aperçois à travers les grilles une présentation de jardins japonais. Zut… La Roseraie magnifique certainement à l'époque des fleurs en ce moment manque de couleurs. Je ressors, un peu las, de l'autre côté en direction du musée d'art moderne, le pouce de César trône au milieu d'un rond-point. Exposition temporaire de hip hop apprivoisé, reconnu, présenté dans une forme académique, dans un musée  - je constate que de tous les artistes présentés je n'en connais aucun, aucun danseur, aucun chanteur. je me sens un peu dépassé…

 Première visite terminée.

Je trouve rassurant de trouver dans ce bus qui me ramène vers le centre, comme une arche de Noé d’hommes venus des quatre coins du monde. Cette belle diversité des visages, dans ce 8ème arrondissement riche, me rassure. On parle des Bouches-du-Rhône oui mais on devrait aussi parler de la Bouche-de-Marseille qui prend tous ces hommes venus depuis l’antiquité buter sur cette côte. Se sont arrêtés là, avant de remonter aussi vers le nord. Marseille ville ouverte sur la mer, ville qui accueille le monde.

Bon, en vrac dans le 8ème : l'Institut français de la danse,  un autre de la coiffure, le château du parc Borély, la cité radieuse de Le Corbusier, le musée d’Art Contemporain. Et la mer,  toujours recommencée …

Sentiment de tendresse qui nait pour cette ville et ce 8ème.   

 

le mystère du crottin d'âne

Sous la parcelle n°3 se cache un mystère qui ne m'a pas encore été révélé…mais le trio (ou quatuor, ça dépend) en charge de ce carré, oeuvre depuis ce matin. Il est question de belles de mai, un espoir de printemps en ce dernier jour d'octobre. Quelles seront ces belles qu'on attend?

Pour aujourd'hui, la terre est sèche comme une pierre. La lumière douce comme une soie. L'automne: une somptueuse mélancolie.

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du 28 au 30 octobre, une affaire de planches

Les carrés n° 5 et 6 ont été investis ce week-end. Histoire de carré dans le carré, de bulbes, de calculs affolants comptabilisant des milliers de bulbes. Ils seront finalement "seulement" plusieurs centaines.Le vent rend fou ici, c'est sans doute cela ce carré, ces carrés carrément carrés. Des brouettes et des brouettes de sable, de terre, de chaux. La scie sauteuse au service d'un constructiviste acharné travaillant sur les vides et les pleins. De croisements en arrières-cours,la journée s'écoule.Heure d'hiver. Et tard dans la nuit, alors qu'un vent puissant nous assaille, alors que nous venons d'entendre de la poésie persane, se poursuit au deuxième étage je ne sais quel débat sur le cinéma? Les courbatures? Le partage de la salle de bains. La maison est carrément bonne et douce. Et la terre expire enfin.

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